1. Une réforme qui impacte ceux et celles pour celles et ceux qui occupent des emplois qui recrutent à BAC+5
Le calcul est simple : aujourd’hui il faut un master pour être certifié·e, agrégé·e, professeur·e des écoles. Un·e agent·e qui a eu son bac à 18 ans, a fait 5 ans d’études pour obtenir son master et passer les concours de l’enseignement. Il ou elle débute sa carrière à 23 ans.
Si celui ou celle-ci a redoublé ou s’est réorienté·e, alors la carrière commence encore plus tard.
En augmentant le temps de travail à 43 ans pour les générations nées après 1965, l’agent·e ne pourra partir à la retraite sans décote avant 66 ans ou avec 64 ans avec une décote.
Les enseignant·es sont largement pénalisé·es. D’un côté le gouvernement a multiplié les réformes visant à allonger la durée d’études pour prétendre aux concours et de l’autre il allonge la durée du travail.
La formation professionnalisante au sein du master MEEF devrait comptée dans le calcul des trimestres.
2. Une réforme qui pénalise celles et ceux qui ont travaillé pendant leurs études
Parmi les personnels, nombre d’entre eux ont travaillé pendant leurs études : qu’en est-il pour eux?
Il faut avoir travaillé 5 trimestres avant l’âge de 20 ans pour bénéficier du dispositif “carrière longue”. Ce dispositif va peu concerner les personnels ayant fait des études supérieures car cela représente une quotité de travail importante et difficilement conciliable avec les études supérieures. De plus, l’âge de départ des agent·es qui bénéficient du dispositif va être reculé par la réforme.
Les personnels qui ont travaillé pendant leurs études, mais de manière insuffisante pour bénéficier du dispositif “carrière longue” sont doublement pénalisés. On remarque que plus les étudiant·es occupent un emploi salarié, plus ils et elles redoublent, les redoublements retardent l’année de passage du concours. Après avoir galéré pendant leurs études, ces personnels voient leur âge de départ à la retraite reculer à 64 ans.
Ex : Reçu au CAPES à 25 ans, Alexandre a cotisé deux trimestres par an de ces 18 ans à ces 24 ans ( 7x4 = 14 trimestres). il devra travailler jusqu’à 64 ans pour bénéficier de sa retraite (40 ans = 160 trimestres), alors qu’il aurait pu partir plus tôt, sans décote.
3. Une réforme qui allonge la durée du travail
Avec cette réforme, les personnels vont devoir travailler plus longtemps : 43 ans pour tou·tes celles et ceux qui sont né·es après 1965 (42 ans et 3 mois pour celles et ceux qui sont né·es après le 1/09/1961 - 42 ans et 6 mois pour la génération 1963 - 42 ans et 9 mois pour la génération 1964).
L’âge de départ à la retraite passe à 64 ans et l’annulation de la décote reste à 67 ans.
En 2019, l’âge moyen de départ à la retraite est de 61,3 ans : 62,4 ans dans le 2nd degré 59,5 dans le 1er. Les personnels partiront donc en retraite 3 à 5 années plus tard que les personnels partis en 2019.
Comme l’âge d’entrée dans l’emploi étant plus tardive du fait de la masterisation et le nombre de trimestres nécessaires augmentent, les personnels partiront avec une plus grosse décote à 64 ans.
4. Une réforme qui vise à faire baisser les pensions et à paupériser les retraité·es
Alors que les personnels auront travaillé plus longtemps pour partir à la retraite, certains ne partiront pas à 64 ans avec une retraite complète. En augmentant le nombre de trimestres nécessaires pour partir sans décote, davantage de personnels subiront la décote s’ils partent à 64 ans et devront travailler 1, 2, 3 ans de plus pour partir avec une retraite à taux plein.
5. Une réforme qui pénalise celles et ceux qui ont eu des carrières hachées
Avec l’allongement de la durée de cotisation, les personnels qui ont eu plusieurs métiers et qui ont connu des périodes de chômage seront pénalisés : quand 1 an de chômage s’ajoute aux 43 annuités nécessaires, alors la facture est salée !
Exemple : Sonia a travaillé 9 ans dans le privé en tant que vendeuse à temps incomplet, elle a arrếté de travailler à 29 ans juste avant l’arrivée de son premier enfant, puis elle a eu un second enfant et elle a commencé à travailler dans l’EN en tant que SAENES a 33 ans. Elle devra travailler jusqu’à 67 ans pour ne pas subir de décote !
On sait que les femmes ont des carrières plus hachées que les hommes, ces coupures ont lieu principalement au moment où elles ont des enfants. Du fait du manque de moyens de garde des jeunes enfants, 1,1 million de femmes ne travaillent pas.
6. Une réforme qui pénalise celles et ceux qui ont travaillé à temps partiel ou incomplet : en tête les AESH
Lorsqu’on travaille à temps incomplet ou partiel, cela n’a pas d’impact sur la durée d’assurance (les 43 annuités à accomplir pour partir sans décote). Mais cela a un impact sur le nombre de trimestres travaillés et donc sur le montant de la pension.
Lorsque vous travaillez un an à temps partiel à 80% vous ne cotisez pas 4 trimestres mais 3, si vous êtes à 60%, c’est 6 mois de cotisé.
Pour calculer la pension, il y a trois facteurs :
· votre salaire annuel moyen,
- le taux de liquidation (50% pour les contractuel·les qui dépendent du régime général, 75% pour les fonctionnaires)
· le rapport entre votre durée de cotisation à ce régime au cours de toute votre carrière et celle exigée pour obtenir une pension sans décote, appelée durée de “référence”.
Le calcul de votre durée de cotisation dépend de votre quotité de travail.
Exemples :
12 mois travaillés 80% = 10 mois cotisés,
12 mois travaillés à 60% = 7 mois cotisés,
Un mi-temps annualisé = 6 mois cotisés.
Si la durée de “référence” augmente, vous perdez encore plus d’argent si vous avez travaillé à temps partiel.
L’augmentation de la durée de “référence” à 172 trimestres pénalisent d’abord les femmes qui travaillent davantage à temps partiels et les personnels AESH à qui les temps incomplets sont imposés par l’employeur.
7. Une réforme qui met en danger notre santé
Les syndicats alertent : avec 65 médecins de prévention pour plus d’un million d’agent·es, les personnels de l’EN n’ont pas accès à leur droit à la santé sur le lieu de travail. Pourtant, maintenir au travail les personnels les plus âgés augmente les dépenses de santé et les besoins en médecine du travail.
L’espérance de vie en bonne santé est en moyenne de 64,1 ans pour les femmes et de 62,7 ans pour les hommes. Avec cette réforme, on va partir en retraite trop tard pour profiter des meilleures années de notre retraite.
Nos métiers n’entrent pas dans les critères de pénibilité, réduits encore pendant le précédent quinquennat de Macron. Pourtant tous les métiers usent le corps, les nôtres également. On ne travaille pas en maternelle jusqu’à 64, 65 ou 67 ans par exemple ! Les années passées dans le bruit dans un collège comptent d’autant plus à plus de 60 ans.
Et le financement?
Le système des retraites n’est pas en péril. Il pourrait y avoir un déficit de 12 milliards dans les prochaines années sur 340 milliards de prestations : c’est minime !
On pourrait largement financer entièrement les prestations avec les 40 milliards donnés au CICE, avec les 5 milliards de l’ISF supprimés…