Comme l’éducation représente le plus gros objet de dépenses de l’État, les gouvernements successifs sont régulièrement tentés de tailler dans son budget… Avec des conséquences désastreuses, alors-même qu’on constate que les moyens engagés sont insuffisants. L’école est à un point de rupture d’autant que les réformes libérales aggravent son fonctionnement.
A la rentrée 2024, 650 postes avaient déjà été supprimés. En 2025, le gouvernement prétexte de la baisse démographique pour justifier de nouvelles suppressions de postes. Or, cet argument ne tient pas face aux données de l’OCDE : en 2024, on compte par exemple en moyenne 18,2 élèves par enseignant·e (calcul déjà biaisé car il divise artificiellement tous les enseignant·es par le nombre d’élèves, y compris par exemple les conseiller·es pédagogiques) dans le 1er degré en France tandis que la moyenne de l’OCDE se situe à 14 élèves pour un·e enseignant·e.
Le projet de budget 2025 présenté par Barnier prévoit 4035 suppressions de postes réparties ainsi :
· 3 155 dans le premier degré public ;
· 181 dans le second degré public ;
· 40 dans le second degré privé sous contrat ;
· 660 dans le premier degré privé sous contrat ;
Le privé subirait donc 16 % des suppressions alors-même qu’il représente 20 % des élèves. D’année en année, le budget du privé grignote celui du public, même quand il s’agit d’austérité !
Le manque de personnels enseignant·es conduit à une situation de mise sous tension permanente : les personnels ne sont plus remplacé·es et chaque absence pèse sur les établissements. Or, n’en déplaise au gouvernement qui entend mettre en place 3 jours de carence pour les fonctionnaires en congé maladie, s’absenter pour diverses raisons doit rester un droit fondamental. Qui peut penser par exemple qu’il serait sain de venir travailler malade, au risque de contaminer les autres et d’aggraver son état de santé ?
Dans le privé, les deux tiers des salarié·es n’ont aucun jour de carence comme stipulé dans leurs conventions collectives, et les études démontrent que cela diminue de 2,8 jours les périodes d’absence d’après le site du ministère de la santé. On voit là l’idéologie à l’œuvre : les fonctionnaires seraient favorisé·es et trop absent·es, il s’agirait de les punir.
Dans le 2nd degré, entre 2017 et 2023, on a compté 8 865 suppressions de postes dans le second degré, l’équivalent de 166 collèges, à rapporter aux 7441 élèves sup-plémentaires.
Pour retrouver le taux d’encadrement de 2006, il faudrait recruter 45 257 enseignant·es !
Les conséquences de ces suppressions de postes sont visibles :
· augmentation du nombre d’élèves par classe en collège : de 24,2 en 2000 à 25,9 en 2002
· augmentation du nombre d’élèves par classe en lycée général et technologique :
de 27,7 en 2000 à 30,3 en 2022
Par ailleurs, le déficit de personnels médico-sociaux est criant : 900 médecins, moins de 8 000 infirmièr·es pour 12 millions d’élèves.
Moins de 20% des élèves de 6 ans passent la visite médicale, pourtant obligatoire.
Enfin, le ministère de l’Éducation nationale est l’un des plus mal dotés en gestionnaires au regard de l’effectif important d’agent·es puisque le ratio gérant·es-géré·es est de 0,6 %, soit 6 gestionnaires pour 1 000 agent·es.
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